Témoignage de trois membres de l'AEFO qui ont participé au Projet outre-mer 2019
Le Projet outre-mer avait été mis en suspens depuis 2020 en raison de la pandémie.
Christine D’Lima de l’Unité 59 — Burkina Faso
Conseillère en éducation spécialisée
AEFO : Pourquoi avez-vous soumis votre candidature pour le Projet outre-mer?
J’avais envie d’aller voir comment les choses se passaient ailleurs, en enseignement. Je voulais offrir ce que je connaissais, mon expérience.
AEFO : Comment le Projet s’est-il déroulé?
Je faisais partie d’une équipe, tout le monde avait son bagage de connaissances. On a donné une semaine d’ateliers pour les enseignantes et enseignants de l’élémentaire, et une autre semaine pour les enseignantes et enseignants du secondaire.
AEFO : Comment se déroulaient les ateliers?
On travaillait en tandem avec une enseignante ou un enseignant du Burkina Faso. On n’était pas là pour leur dire quoi faire, on était là pour présenter des idées. C'est eux qui avaient les solutions, l’expérience, l’expertise des conditions d’enseignement. J’ai été surprise de voir que beaucoup de documents, dont le personnel enseignant se servait, venaient de l’Ontario.
De l’Ontario?
Oui. Des équipes canadiennes de la FCE se rendent dans des pays d’Afrique, d’Asie, du Pacifique et des Antilles depuis 1962 pour partager leurs ressources et leurs connaissances. Le Projet outre-mer a des impacts à long terme.
AEFO : Avez-vous eu l’occasion de parler de syndicalisme?
Oui. Les syndicats des paliers élémentaire* et secondaire** étaient sur place. Et comme nous étions là grâce à l’AEFO et à la FCE, on a renchéri, parce qu’on comprend l’importance d’un syndicat. Au Burkina Faso, les enseignantes et enseignants sont parfois isolés ou travaillent dans de petites écoles. Faire partie d’un syndicat, ça leur donne un appui pour la défense de leurs droits. Mais aussi, ça leur donne un accès à de l’information qu’ils n’auraient pas autrement. J’ai réalisé qu’on n’a pas les mêmes conditions de travail, mais qu’on se rejoint sur la lourdeur de la tâche, sur les défis.
AEFO : Qu’est-ce qui ressort le plus de votre expérience?
C’est difficile à dire, il y a tellement de choses… Mais ça faisait longtemps que je voulais comprendre ce que vivent les nouvelles arrivantes et nouveaux arrivants. En Ontario, on accueille des gens de partout. Je vois maintenant qu’on ne peut vraiment pas demander à quelqu’un de s’adapter immédiatement à un pays, une culture. Que ce soit une ou un collègue de travail, des parents, des élèves… Il faut leur donner le temps.
* Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B)
** Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS)
Nicole Boissonneault de l’Unité 59 — Togo
Enseignante de 5e année
AEFO : Vous avez participé au Projet outre-mer il y a deux ans. Cette année, vous étiez chef d’équipe.
Oui. Avant de partir, j’ai pu dire aux enseignantes de mon équipe de réfléchir aux pratiques qu’elles utilisent pour aider les élèves à s’améliorer. Ou plutôt, de penser autrement à ces pratiques. En Ontario, on a accès à du matériel comme le tableau blanc et la photocopieuse, des ressources, de la formation… Les enseignantes et enseignants que nous allions rencontrer n’ont pas accès aux mêmes choses que nous. C’est pourquoi il fallait miser surtout sur les stratégies d’enseignement.
AEFO : Pouvez-vous nous parler du déroulement des ateliers?
On a partagé des stratégies en mathématiques, littératie, sciences et même de gestion de classe, de gestion de comportement. Puisque nous reconnaissons que les réalités des deux pays ne sont pas les mêmes, on leur disait : prenez ce qui peut fonctionner pour vous, pour vos élèves. C’est la même chose pour les enseignantes et enseignants d’ici. Quand on suit une formation, on en prend et on en laisse, selon les besoins. Certaines enseignantes et certains enseignants n’avaient jamais suivi de formation. Ils étaient à l’écoute, engagés, ouverts aux nouvelles stratégies.
AEFO : De quelle façon l’expérience a-t-elle été différente pour vous cette année?
La première fois, c’était difficile d’imaginer l’expérience à l’avance. Cette fois, j’étais vraiment contente de retourner donner des ateliers. J’adore enseigner, travailler avec les élèves. Mais je crois que c’est important de pouvoir partager des stratégies avec des collègues. Participer au Projet outre-mer, ce n’est pas enseigner, c’est donner des ateliers durant lesquels on peut partager des pratiques et des stratégies avec des collègues qui font le même métier que nous.
AEFO : En se portant volontaire pour le Projet outre-mer, il faut s’engager à planifier le voyage avec les autres dès le mois de janvier, à suivre une formation avant le départ, et à passer deux semaines d’été dans un pays en voie de développement.
Je n’ai jamais eu l’impression de travailler. Pour moi, ce qui est important, c’est le contact humain. Et je voulais bien faire. Dès le premier jour au Togo, j’ai eu un sentiment de fierté et d’accomplissement.
Hugo Prud’homme de l’Unité 66 — Ghana
Enseignant de mathématiques
AEFO : Ce n’est pas la première fois que vous vous portez volontaire pour le Projet outre-mer. Pourquoi vouliez-vous renouveler l’expérience?
Parce que c’est une expérience où tout le monde y gagne, autant les volontaires du Canada que les enseignantes et enseignants du pays hôte. La dernière fois, j’ai beaucoup appris sur le plan professionnel et personnel. J’étais vraiment motivé à refaire l’expérience. J’étais très content d’apprendre que ma candidature avait été retenue pour 2019. Cette fois, j’étais chef d’équipe, un rôle que j’ai trouvé super stimulant.
AEFO : Vous enseignez les mathématiques au secondaire. Qu’avez-vous partagé avec les enseignantes et enseignants du Ghana?
Il s’agissait plutôt de penser ensemble à des stratégies d’enseignement. Par exemple, sans manuels scolaires ou cahiers, dans des classes de 90 à 120 élèves, comment enseigner les mathématiques? C’est un réel défi, mais c’est possible, on peut par exemple construire ou bricoler du matériel de classe en utilisant des objets quotidiens. J’avais aussi le volet des technologies. Là aussi, sans ressources adéquates, c’est un défi. Mais je me suis rendu compte que tout le monde avait un téléphone cellulaire. Même si le wifi est intermittent, il est possible de télécharger en peu de temps des exercices ou des plans de leçons.
AEFO : D’après ce que vous avez pu observer, diriez-vous que le syndicalisme est important pour les enseignantes et enseignants que vous avez côtoyés?
Absolument. Les ateliers étaient organisés par les syndicats d’enseignement. La plupart des enseignantes et enseignants portaient le chandail de leur syndicat. On sentait qu’ils avaient un sentiment très fort d’appartenance et de fierté.
AEFO : Y a-t-il beaucoup de différence entre le personnel enseignant de l’Ontario et celui du Ghana?
Il y a surtout beaucoup de ressemblances. Comme nous, les enseignantes et enseignants du Ghana sont des « tripeux », des gens passionnés par l’éducation, les stratégies pédagogiques, et qui veulent améliorer l’apprentissage des élèves.
Témoignage de deux membres de l'AEFO qui ont participé au Projet outre-mer 2018
Gabrielle Lemieux de l’Unité 57 – Nord-Ouest publique – Togo
L’équipe de la FCE (Gabrielle Lemieux est la 4e à g.) est accueillie par les membres d’un comité de la FESEN.
Un jeu coop avec des enseignantes et enseignants du secondaire, à Kpalimé, sur l’apprentissage par le jeu.
AEFO : Ce n’est pas la première fois que vous participez au Projet outre-mer...
Gabrielle L. : C’est vrai. Pour moi, le Projet outre-mer, c’est l’occasion d’être exposée à différents styles d’enseignement et de discuter de pédagogie, de meilleures pratiques. Ces rencontres me font réfléchir et m’aident à améliorer mon enseignement. Je me sens vraiment privilégiée d’avoir pu aller au Togo cet été, et d’avoir vécu des expériences semblables en Guinée et en Haïti aussi.
AEFO : Vous étiez chef d’une équipe francophone. Qui d’autre faisait partie de l’équipe?
Gabrielle L . : Deux d’entre eux venaient de Colombie-Britannique (SEPF*) et de Nouvelle-Écosse (NSTU**), et les deux autres travaillent dans la région de Toronto (elles sont membres de l’OECTA et de l’ETFO). J’étais entourée de gens dynamiques, passionnés de l’éducation.
AEFO : Avant le départ au Togo, avez-vous pu rencontrer les autres membres de l’équipe?
Gabrielle L. : Oui, c’était nécessaire! J’ai appris que j’avais été choisie en janvier, et dès février, j’ai pu discuter avec les autres membres de l’équipe par Skype. On avait beaucoup à faire : diviser les tâches, préparer le contenu et le matériel pour les ateliers que nous allions donner, organiser la logistique. Sans oublier les vaccins et le visa de séjour!
AEFO : Vous avez donné des ateliers sur des stratégies de lecture et d’écriture, l’intelligence multiple, des stratégies d’apprentissage pour les sciences, l’approche centrée sur l’apprenante ou l’apprenant, etc. Qui a fait le choix des ateliers?
Gabrielle L. : L’organisme qui regroupe les syndicats d’enseignement au Togo, c’est-à-dire la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN). C’est l’aspect du Projet outre-mer qui m’attire le plus : les objectifs des ateliers sont établis localement. On peut donc vraiment répondre aux besoins du personnel enseignant et espérer avoir un impact durable.
AEFO : Pouvez-vous nous donner une idée du déroulement des ateliers?
Gabrielle L. : Chaque membre de l’équipe travaillait avec une co-instructrice ou un co-instructeur, membre de la FESEN, comme ça, on jumelle l’approche canadienne tout en cernant les expertises locales. On a eu l’occasion de traiter de plusieurs sujets académiques en plus d’expliquer l’apprentissage par le jeu et d’échanger sur des enjeux importants, comme la scolarisation des jeunes filles.
AEFO : Le syndicalisme vous a-t-il semblé être un enjeu important pour le personnel enseignant togolais?
Gabrielle L. : Oui, absolument. Cette année, le personnel enseignant n’a pas hésité à déclencher une grève pour améliorer les conditions de travail. À leur parler, on sentait que la plupart d’entre eux comprenaient ce qui était nécessaire pour le bien de la cause. Au Togo comme au Canada, le syndicalisme permet d’améliorer les conditions de travail. J’en ai beaucoup appris à ce sujet avec mes consœurs togolaises et confrères togolais.
* Syndicat des enseignantes et enseignants du programme francophone de la C.-B.
** Nova Scotia Teachers Union
Hugo Prud’Homme de l’Unité 66 – Burkina Faso
Hugo Prud’Homme (à g.) et Moda Henri Martial, un enseignant membre du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B).
Le foulard SNEA-B.
Hugo Prud’Homme (micro) durant un atelier donné aux membres du SNEA-B.
AEFO : Pourquoi vouliez-vous faire partie du Projet outre-mer?
Hugo P. : L’enseignement est un changement de carrière pour moi — j’étais ingénieur en génie mécanique et j'ai eu la chance de faire un projet humanitaire en Haïti. Quand j’ai appris l’existence du Projet outre-mer, j’ai tout de suite voulu participer. Mais comme il faut avoir au moins cinq ans d’expérience en enseignement pour postuler, j’ai dû attendre!
AEFO : Vous deviez aller en Haïti, mais finalement, vous avez été au Burkina Faso. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
Hugo P. : Je crois qu’il y a eu un désistement de dernière minute, et la FCE m’a demandé si j’étais prêt à aller en Afrique. J’ai accepté sans hésiter. Je me suis déjà impliqué pour des projets humanitaires, et l’Afrique est un continent qui me faisait rêver.
AEFO : Comment se sont déroulées les deux semaines au Burkina Faso?
Hugo P. : La première semaine, notre petite équipe de quatre membres de la FCE était à Bobo-Dioulasso, où nous avons donné une formation pour le personnel enseignant du palier élémentaire. Et pour la deuxième semaine, nous avons été à Ouagadougou, la capitale, pour le palier secondaire. J’ai eu de beaux défis. Je devais faire la préparation d’ateliers en mathématiques, dessin et pensée critique.
AEFO : Aviez-vous un mandat spécifique?
Hugo P. : Oui. Deux syndicats nous ont accueillis, le Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B) et let Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS). Nous devions nous assurer que les enseignantes et enseignants puissent mettre en pratique ce qu’on leur avait appris, dès septembre, et sans ressources additionnelles.
AEFO : Vous avez certainement eu le temps d’échanger avec les enseignantes et enseignants burkinabés...
Hugo P. : Les échanges étaient vraiment très enrichissants. Par exemple, les cours, au Burkina Faso, sont beaucoup plus théoriques, on donne plus de cours magistraux. Et je me suis rendu compte que, malgré les différences de ressources, de culture, etc., à la base, notre réalité est similaire. On enseigne parce qu’on aime les élèves, on veut qu’ils réussissent. Et d’une certaine manière, notre quotidien est le même. On se lève le matin pour aller enseigner!
Témoignage de deux membres de l'AEFO qui ont participé au Projet outre-mer 2017
Nicole Boissonneault de l’Unité 59 - Est publique - Togo
À gauche, la seule femme sur un groupe de 40 enseignants de mathématiques et sciences, avec la participante au Projet outre-mer (Togo), Nicole Boissonneault.
Un enseignant et une enseignante togolais, durant un séminaire sur les sciences. Dans le fond, à gauche, la participante du Manitoba prépare du matériel. Les enseignantes et enseignants sont encouragés à faire davantage d’expériences scientifiques avec leurs élèves. Il est alors important d’utiliser du matériel facilement accessible.
AEFO : Pourquoi avez-vous posé votre candidature pour participer au Projet outre-mer?
Nicole B. : J’attendais depuis longtemps d’avoir cinq années d’expérience en enseignement pour pouvoir soumettre ma candidature... J’avais déjà fait un stage au Ghana il y a quelques années et j’avais hâte de pouvoir renouveler ce genre d’expérience, surtout en tant qu’enseignante pour collaborer et partager entre collègues.
AEFO : Quelle matière enseignez-vous?
Nicole B. : Cette année, j’enseigne en 5e année, mais j’ai aussi enseigné les mathématiques et les sciences au secondaire.
AEFO : Parlez-nous un peu du projet.
Nicole B. : Le projet a duré environ trois semaines, ce qui inclut une formation de quelques jours à Ottawa. Une fois sur place, au Togo, notre équipe canadienne devait, entre autres, partager des stratégies d’enseignement autant que des stratégies d’apprentissage. Cette coopération est importante puisqu’au Togo, le personnel enseignant n’a pas autant de possibilités de perfectionnement professionnel qu’ici, en Ontario, et beaucoup ont moins de ressources. Les participantes et participants togolais enseignent à l’élémentaire et au secondaire et la plupart sont membre d’un syndicat.
AEFO : Quels sujets ont été abordés avec les 80 enseignantes et enseignants?
Nicole B. : L’équipe du Projet outre-mer était composée de quatre enseignantes canadiennes. Nous avons présenté des stratégies de discipline progressive et de gestion de grand groupe ─ au Togo, ce n’est pas rare de voir des classes de plus de 80 élèves. Comme j’enseigne les mathématiques et que je suis qualifiée en sciences, j’ai partagé des stratégies se rapportant à ces matières. Il a aussi eu des ateliers sur les stratégies de lecture et d’écriture ainsi que des sessions sur la fabrication de matériel pédagogique.
AEFO : Est-ce qu’il y a eu des moments marquants pour vous?
Nicole B. : Pendant la deuxième semaine, sur 40 enseignants de mathématiques et sciences, il y avait une seule femme. Peu de Togolaises se lancent dans ces domaine, mais cette enseignante avait des objectifs très précis. En tant que femme j’ai été touchée par sa détermination et je suis persuadée que sa persévérance lui permettra de poursuivre ses études supérieures en physique ainsi qu’elle le désire. Et aussi, parlant de femmes, j’ai pu remarquer celles qui travaillaient pour un syndicat étaient exceptionnelles. Elles travaillent avec acharnement pour la scolarisation de la jeune fille et pour l’équité des sexes.
AEFO : Que retirez-vous de cette expérience?
Nicole B. : L’enseignement est une deuxième carrière pour moi. Depuis mon séjour au Togo, je suis encore plus certaine d’avoir fait le bon choix. J’ai une passion renouvelée pour l’enseignement. Je suis extrêmement fière d’être enseignante. De plus je dirais que l’expérience a confirmé pour moi à quel point le syndicalisme est important pour les conditions de travail des enseignantes et enseignants.
Bridget Little de l'Unité 66 - Centre-est catholique - Burkina Faso
Bridget Little, à droite, avec des enseignantes et enseignants d’anglais. « Au Burkina Faso, il y a plus de 80 langues... On enseigne donc l’anglais en tant que langue étrangère », dit Bridget Little.
Pendant les sessions de formation, les enseignantes et enseignants burkinabés se mettaient parfois à danser spontanément. « La joie de vivre, le côté humain, les rires, la danse... Cela va rester parmi mes souvenirs », dit Bridget Little.
AEFO : Pourquoi avez-vous posé votre candidature pour participer au Projet outre-mer?
Bridget L. : Quand j’ai vu l’annonce dans En Bref l’année dernière, j’ai tout de suite vu que je devrais y participer. J’ai toujours voulu faire du bénévolat outre-mer. Quand j’ai appris que j’étais choisie pour aller au Burkina Faso, j’ai été super contente!
AEFO : Quelle matière enseignez-vous?
Bridget L. : L’anglais, au secondaire.
AEFO : Parlez-nous un peu du projet.
Bridget L. : Je faisais partie d’une équipe de quatre personnes du Canada. Avec huit collègues burkinabés, nous avons préparé des formations sur la gestion de classe, la pensée critique, etc., et sur des matières spécifiques telles que les mathématiques et le français. Ensuite, pendant deux semaines, nous avons donné des formations à environ 150 enseignantes et enseignants.
AEFO : Quels sujets ont été abordés avec les 150 enseignantes et enseignants?
Bridget L. : Pour ma part, j’ai parlé de stratégies d’enseignement qui encouragent la différentiation. J’ai donc présenté différentes stratégies centrées sur l’élève ─ l’apprentissage par le jeu, par exemple.
AEFO : Est-ce qu’il y a eu des moments marquants pour vous?
Bridget L. : Oui, bien sûr! Par exemple, j’ai été frappée par les ressemblances entre le personnel enseignant au Burkina et en Ontario. Dans le salon du personnel, on a le même genre de discussion : comment transiger avec un élève qui est toujours en retard, par exemple! Et j’ai aussi remarqué que nous avions les mêmes motivations pour l’enseignement.
AEFO : Que retirez-vous de cette expérience?
Bridget L. : Je travaille dans une école qui accueille beaucoup de nouvelles arrivantes et de nouveaux arrivants. Je crois que mon voyage me permettra de mieux les comprendre. J’ai aussi une nouvelle appréciation pour mon école et ses nombreuses ressources, ainsi que pour le travail que fait mon syndicat pour ses membres. Mais je n’ai pas encore trouvé une façon simple de résumer cette expérience extraordinaire!
Témoignage de deux membres de l'AEFO qui ont participé au Projet outre-mer 2016
Quelques participantes et participants aux ateliers. Lors des ateliers, plusieurs d’entre celles et ceux qui n’étaient pas syndiqués ont choisi de commencer à payer la cotisation syndicale, et ce, même si certains d’entre eux n’avaient pas été payés depuis quatre ans. Les ateliers leur ont permis d’apprécier la valeur d’un syndicat comme la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (CNEH).
C’était la première fois que Gabrielle Lemieux, membre et présidence de l’Unité 57, allait à Haïti. Avec des collègues provenant de syndicats d’enseignement du Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Écosse et du Manitoba, elle a tout d’abord pu profiter d’une session de formation, à Ottawa, avant de s’envoler pour Haïti. Le but du voyage : appuyer des collègues, tant au niveau de l’enseignement qu’au niveau syndical. Dès son arrivée, elle a ressenti la même impression que lors d’un programme international, en Guinée : la forte impression de faire partie d’un réseau international d’enseignantes et d’enseignants. « La passion est la même », affirme-t-elle. Ce sentiment de solidarité et d’appartenance au même réseau mondial la suit encore aujourd’hui. Ses collègues et elle ont pu donner des ateliers à plus d’une centaine d’enseignantes et d’enseignants, entre autres sur l’éducation coopérative, et l’approche centrée sur l’apprenante ou l’apprenant.
Les enseignantes et enseignants burkinabés (sur la photo, durant un cours de dessin), ont été une source d’inspiration pour Joanne Morra, surtout au niveau de la différenciation. Quels que soient les différences, les défis, il faut persévérer et essayer de toucher chaque élève.
Joanne Morra, enseignante de dessin et English, et membre de l’Unité 64, s’est rendue au Burkina Faso durant l’été 2016. Elle n’en était pas à son premier projet international : le Honduras, Trinidad et le Costa Rica font déjà partie de son expérience. « Depuis l’enfance, » dit-elle, « j’avais cette vision de ce que je voulais faire. Je voulais voyager, mais il n’était pas question de faire du tourisme. » Le Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B) et le Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS), qui s’impliquent beaucoup auprès de leurs membres, avaient organisé les ateliers, avec l’appui de bénévoles. Lors des ateliers, elle a pu partager des stratégies d’enseignement avec des enseignantes et enseignants burkinabés. Le plus grand défi : comment appliquer ces idées, ces outils et ces activités, alors qu’il y a 140 élèves par classe, et à peine assez de place pour une enseignante ou un enseignant? Malgré cela, ces enseignantes et enseignants sont eux-mêmes la preuve que la rigueur et la passion peuvent porter fruit. Joanne Morra a pu constater leur dévouement, leur engagement auprès des élèves… ainsi que leur français impeccable!