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Témoignage de deux membres de l'AEFO qui ont participé au Projet outre-mer 2018

Gabrielle Lemieux de l’Unité 57 – Nord-Ouest publique – Togo

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L’équipe de la FCE (Gabrielle Lemieux est la 4e à g.) est accueillie par les membres d’un comité de la FESEN.

 

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Un jeu coop avec des enseignantes et enseignants du secondaire, à Kpalimé, sur l’apprentissage par le jeu.

 

AEFO : Ce n’est pas la première fois que vous participez au Projet outre-mer...
Gabrielle L. : C’est vrai. Pour moi, le Projet outre-mer, c’est l’occasion d’être exposée à différents styles d’enseignement et de discuter de pédagogie, de meilleures pratiques. Ces rencontres me font réfléchir et m’aident à améliorer mon enseignement. Je me sens vraiment privilégiée d’avoir pu aller au Togo cet été, et d’avoir vécu des expériences semblables en Guinée et en Haïti aussi.

AEFO : Vous étiez chef d’une équipe francophone. Qui d’autre faisait partie de l’équipe?
Gabrielle L . : Deux d’entre eux venaient de Colombie-Britannique (SEPF*) et de Nouvelle-Écosse (NSTU**), et les deux autres travaillent dans la région de Toronto (elles sont membres de l’OECTA et de l’ETFO). J’étais entourée de gens dynamiques, passionnés de l’éducation.

AEFO : Avant le départ au Togo, avez-vous pu rencontrer les autres membres de l’équipe?
Gabrielle L. : Oui, c’était nécessaire! J’ai appris que j’avais été choisie en janvier, et dès février, j’ai pu discuter avec les autres membres de l’équipe par Skype. On avait beaucoup à faire : diviser les tâches, préparer le contenu et le matériel pour les ateliers que nous allions donner, organiser la logistique. Sans oublier les vaccins et le visa de séjour!

AEFO : Vous avez donné des ateliers sur des stratégies de lecture et d’écriture, l’intelligence multiple, des stratégies d’apprentissage pour les sciences, l’approche centrée sur l’apprenante ou l’apprenant, etc. Qui a fait le choix des ateliers?
Gabrielle L. : L’organisme qui regroupe les syndicats d’enseignement au Togo, c’est-à-dire la Fédération des syndicats de l’éducation nationale (FESEN). C’est l’aspect du Projet outre-mer qui m’attire le plus : les objectifs des ateliers sont établis localement. On peut donc vraiment répondre aux besoins du personnel enseignant et espérer avoir un impact durable.

AEFO : Pouvez-vous nous donner une idée du déroulement des ateliers?
Gabrielle L. : Chaque membre de l’équipe travaillait avec une co-instructrice ou un co-instructeur, membre de la FESEN, comme ça, on jumelle l’approche canadienne tout en cernant les expertises locales. On a eu l’occasion de traiter de plusieurs sujets académiques en plus d’expliquer l’apprentissage par le jeu et d’échanger sur des enjeux importants, comme la scolarisation des jeunes filles.

AEFO : Le syndicalisme vous a-t-il semblé être un enjeu important pour le personnel enseignant togolais?
Gabrielle L. : Oui, absolument. Cette année, le personnel enseignant n’a pas hésité à déclencher une grève pour améliorer les conditions de travail. À leur parler, on sentait que la plupart d’entre eux comprenaient ce qui était nécessaire pour le bien de la cause. Au Togo comme au Canada, le syndicalisme permet d’améliorer les conditions de travail. J’en ai beaucoup appris à ce sujet avec mes consœurs togolaises et confrères togolais.

* Syndicat des enseignantes et enseignants du programme francophone de la C.-B.
** Nova Scotia Teachers Union

 

Hugo Prud’Homme de l’Unité 66 – Burkina Faso

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Hugo Prud’Homme (à g.) et Moda Henri Martial, un enseignant membre du Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B).

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Le foulard SNEA-B.

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Hugo Prud’Homme (micro) durant un atelier donné aux membres du SNEA-B.

 

AEFO : Pourquoi vouliez-vous faire partie du Projet outre-mer?
Hugo P. : L’enseignement est un changement de carrière pour moi — j’étais ingénieur en génie mécanique et j'ai eu la chance de faire un projet humanitaire en Haïti. Quand j’ai appris l’existence du Projet outre-mer, j’ai tout de suite voulu participer. Mais comme il faut avoir au moins cinq ans d’expérience en enseignement pour postuler, j’ai dû attendre!

AEFO : Vous deviez aller en Haïti, mais finalement, vous avez été au Burkina Faso. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
Hugo P. : Je crois qu’il y a eu un désistement de dernière minute, et la FCE m’a demandé si j’étais prêt à aller en Afrique. J’ai accepté sans hésiter. Je me suis déjà impliqué pour des projets humanitaires, et l’Afrique est un continent qui me faisait rêver.

AEFO : Comment se sont déroulées les deux semaines au Burkina Faso?
Hugo P. : La première semaine, notre petite équipe de quatre membres de la FCE était à Bobo-Dioulasso, où nous avons donné une formation pour le personnel enseignant du palier élémentaire. Et pour la deuxième semaine, nous avons été à Ouagadougou, la capitale, pour le palier secondaire. J’ai eu de beaux défis. Je devais faire la préparation d’ateliers en mathématiques, dessin et pensée critique.

AEFO : Aviez-vous un mandat spécifique?
Hugo P. : Oui. Deux syndicats nous ont accueillis, le Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B) et let Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS). Nous devions nous assurer que les enseignantes et enseignants puissent mettre en pratique ce qu’on leur avait appris, dès septembre, et sans ressources additionnelles.

AEFO : Vous avez certainement eu le temps d’échanger avec les enseignantes et enseignants burkinabés...
Hugo P. : Les échanges étaient vraiment très enrichissants. Par exemple, les cours, au Burkina Faso, sont beaucoup plus théoriques, on donne plus de cours magistraux. Et je me suis rendu compte que, malgré les différences de ressources, de culture, etc., à la base, notre réalité est similaire. On enseigne parce qu’on aime les élèves, on veut qu’ils réussissent. Et d’une certaine manière, notre quotidien est le même. On se lève le matin pour aller enseigner!

 

 

Témoignage de deux membres de l'AEFO qui ont participé au Projet outre-mer 2017

Nicole Boissonneault de l’Unité 59 - Est publique - Togo

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À gauche, la seule femme sur un groupe de 40 enseignants de mathématiques et sciences, avec la participante au Projet outre-mer (Togo), Nicole Boissonneault.

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Un enseignant et une enseignante togolais, durant un séminaire sur les sciences. Dans le fond, à gauche, la participante du Manitoba prépare du matériel. Les enseignantes et enseignants sont encouragés à faire davantage d’expériences scientifiques avec leurs élèves. Il est alors important d’utiliser du matériel facilement accessible.

AEFO : Pourquoi avez-vous posé votre candidature pour participer au Projet outre-mer?
Nicole B. : J’attendais depuis longtemps d’avoir cinq années d’expérience en enseignement pour pouvoir soumettre ma candidature... J’avais déjà fait un stage au Ghana il y a quelques années et j’avais hâte de pouvoir renouveler ce genre d’expérience, surtout en tant qu’enseignante pour collaborer et partager entre collègues.

AEFO : Quelle matière enseignez-vous?
Nicole B. : Cette année, j’enseigne en 5e année, mais j’ai aussi enseigné les mathématiques et les sciences au secondaire.

AEFO : Parlez-nous un peu du projet.
Nicole B. : Le projet a duré environ trois semaines, ce qui inclut une formation de quelques jours à Ottawa. Une fois sur place, au Togo, notre équipe canadienne devait, entre autres, partager des stratégies d’enseignement autant que des stratégies d’apprentissage. Cette coopération est importante puisqu’au Togo, le personnel enseignant n’a pas autant de possibilités de perfectionnement professionnel qu’ici, en Ontario, et beaucoup ont moins de ressources. Les participantes et participants togolais enseignent à l’élémentaire et au secondaire et la plupart sont membre d’un syndicat.

AEFO : Quels sujets ont été abordés avec les 80 enseignantes et enseignants?
Nicole B. : L’équipe du Projet outre-mer était composée de quatre enseignantes canadiennes. Nous avons présenté des stratégies de discipline progressive et de gestion de grand groupe ─ au Togo, ce n’est pas rare de voir des classes de plus de 80 élèves. Comme j’enseigne les mathématiques et que je suis qualifiée en sciences, j’ai partagé des stratégies se rapportant à ces matières. Il a aussi eu des ateliers sur les stratégies de lecture et d’écriture ainsi que des sessions sur la fabrication de matériel pédagogique.

AEFO : Est-ce qu’il y a eu des moments marquants pour vous?
Nicole B. : Pendant la deuxième semaine, sur 40 enseignants de mathématiques et sciences, il y avait une seule femme. Peu de Togolaises se lancent dans ces domaine, mais cette enseignante avait des objectifs très précis. En tant que femme j’ai été touchée par sa détermination et je suis persuadée que sa persévérance lui permettra de poursuivre ses études supérieures en physique ainsi qu’elle le désire. Et aussi, parlant de femmes, j’ai pu remarquer celles qui travaillaient pour un syndicat étaient exceptionnelles. Elles travaillent avec acharnement pour la scolarisation de la jeune fille et pour l’équité des sexes.

AEFO : Que retirez-vous de cette expérience?
Nicole B. : L’enseignement est une deuxième carrière pour moi. Depuis mon séjour au Togo, je suis encore plus certaine d’avoir fait le bon choix. J’ai une passion renouvelée pour l’enseignement. Je suis extrêmement fière d’être enseignante. De plus je dirais que l’expérience a confirmé pour moi à quel point le syndicalisme est important pour les conditions de travail des enseignantes et enseignants.

 

Bridget Little de l'Unité 66 - Centre-est catholique - Burkina Faso

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Bridget Little, à droite, avec des enseignantes et enseignants d’anglais. « Au Burkina Faso, il y a plus de 80 langues... On enseigne donc l’anglais en tant que langue étrangère », dit Bridget Little.

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Pendant les sessions de formation, les enseignantes et enseignants burkinabés se mettaient parfois à danser spontanément. « La joie de vivre, le côté humain, les rires, la danse... Cela va rester parmi mes souvenirs », dit Bridget Little.

AEFO : Pourquoi avez-vous posé votre candidature pour participer au Projet outre-mer?
Bridget L. : Quand j’ai vu l’annonce dans En Bref l’année dernière, j’ai tout de suite vu que je devrais y participer. J’ai toujours voulu faire du bénévolat outre-mer. Quand j’ai appris que j’étais choisie pour aller au Burkina Faso, j’ai été super contente!

AEFO : Quelle matière enseignez-vous?
Bridget L. : L’anglais, au secondaire.

AEFO : Parlez-nous un peu du projet.
Bridget L. : Je faisais partie d’une équipe de quatre personnes du Canada. Avec huit collègues burkinabés, nous avons préparé des formations sur la gestion de classe, la pensée critique, etc., et sur des matières spécifiques telles que les mathématiques et le français. Ensuite, pendant deux semaines, nous avons donné des formations à environ 150 enseignantes et enseignants.

AEFO : Quels sujets ont été abordés avec les 150 enseignantes et enseignants?
Bridget L. : Pour ma part, j’ai parlé de stratégies d’enseignement qui encouragent la différentiation. J’ai donc présenté différentes stratégies centrées sur l’élève ─ l’apprentissage par le jeu, par exemple.

AEFO : Est-ce qu’il y a eu des moments marquants pour vous?
Bridget L. : Oui, bien sûr! Par exemple, j’ai été frappée par les ressemblances entre le personnel enseignant au Burkina et en Ontario. Dans le salon du personnel, on a le même genre de discussion : comment transiger avec un élève qui est toujours en retard, par exemple! Et j’ai aussi remarqué que nous avions les mêmes motivations pour l’enseignement.

AEFO : Que retirez-vous de cette expérience?
Bridget L. : Je travaille dans une école qui accueille beaucoup de nouvelles arrivantes et de nouveaux arrivants. Je crois que mon voyage me permettra de mieux les comprendre. J’ai aussi une nouvelle appréciation pour mon école et ses nombreuses ressources, ainsi que pour le travail que fait mon syndicat pour ses membres. Mais je n’ai pas encore trouvé une façon simple de résumer cette expérience extraordinaire!

 

 

Témoignage de deux membres de l'AEFO qui ont participé au Projet outre-mer 2016

Gabrielle PO site web

Quelques participantes et participants aux ateliers. Lors des ateliers, plusieurs d’entre celles et ceux qui n’étaient pas syndiqués ont choisi de commencer à payer la cotisation syndicale, et ce, même si certains d’entre eux n’avaient pas été payés depuis quatre ans. Les ateliers leur ont permis d’apprécier la valeur d’un syndicat comme la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (CNEH).

C’était la première fois que Gabrielle Lemieux, membre et présidence de l’Unité 57, allait à Haïti. Avec des collègues provenant de syndicats d’enseignement du Nouveau-Brunswick, de Nouvelle-Écosse et du Manitoba, elle a tout d’abord pu profiter d’une session de formation, à Ottawa, avant de s’envoler pour Haïti. Le but du voyage : appuyer des collègues, tant au niveau de l’enseignement qu’au niveau syndical. Dès son arrivée, elle a ressenti la même impression que lors d’un programme international, en Guinée : la forte impression de faire partie d’un réseau international d’enseignantes et d’enseignants. « La passion est la même », affirme-t-elle. Ce sentiment de solidarité et d’appartenance au même réseau mondial la suit encore aujourd’hui. Ses collègues et elle ont pu donner des ateliers à plus d’une centaine d’enseignantes et d’enseignants, entre autres sur l’éducation coopérative, et l’approche centrée sur l’apprenante ou l’apprenant.

 

Joanne PO site web

Les enseignantes et enseignants burkinabés (sur la photo, durant un cours de dessin), ont été une source d’inspiration pour Joanne Morra, surtout au niveau de la différenciation. Quels que soient les différences, les défis, il faut persévérer et essayer de toucher chaque élève.

Joanne Morra, enseignante de dessin et English, et membre de l’Unité 64, s’est rendue au Burkina Faso durant l’été 2016. Elle n’en était pas à son premier projet international : le Honduras, Trinidad et le Costa Rica font déjà partie de son expérience. « Depuis l’enfance, » dit-elle, « j’avais cette vision de ce que je voulais faire. Je voulais voyager, mais il n’était pas question de faire du tourisme. » Le Syndicat national des enseignants africains du Burkina (SNEA-B) et le Syndicat national des enseignants du secondaire et du supérieur (SNESS), qui s’impliquent beaucoup auprès de leurs membres, avaient organisé les ateliers, avec l’appui de bénévoles. Lors des ateliers, elle a pu partager des stratégies d’enseignement avec des enseignantes et enseignants burkinabés. Le plus grand défi : comment appliquer ces idées, ces outils et ces activités, alors qu’il y a 140 élèves par classe, et à peine assez de place pour une enseignante ou un enseignant? Malgré cela, ces enseignantes et enseignants sont eux-mêmes la preuve que la rigueur et la passion peuvent porter fruit. Joanne Morra a pu constater leur dévouement, leur engagement auprès des élèves… ainsi que leur français impeccable!